Trois ans après votre première élection, quel regard portez-vous sur votre premier mandat à la tête d’AKT CCI LVN ?

David Eloy : Je suis plutôt satisfait de cette entrée en matière pour laquelle j’ai consacré beaucoup d’énergie. Je ne m’attendais pas à la charge de travail supplémentaire que tout cela représenterait. Être président, ce n’est pas seulement impulser une direction, c’est aussi s’impliquer au quotidien dans un grand nombre de décisions et de projets.

Ces trois années ont permis d’amorcer une transformation en profondeur. L’impact le plus visible apparaîtra une fois cette transformation pleinement accomplie. Mais je suis convaincu que nous avons posé les bases pour renforcer durablement l’image et l’utilité de la Chambre dans l’écosystème économique régional.

Parmi vos priorités initiales (développement durable, digitalisation, rapprochement avec l’UWE et les autres CCI), quelles avancées vous semblent les plus significatives ?

Je dirais que les trois axes ont réellement progressé.

Sur le développement durable, nous étions au début d’une dynamique. La certification d’entrepreneuriat durable a permis de sensibiliser et de mettre de nombreuses entreprises sur le bon chemin. Mais l’enjeu reste de taille : il faut désormais veiller à ce que les mesures proposées s’intègrent vraiment dans la réalité des entreprises et aient un impact concret sur leur fonctionnement.

Pour la digitalisation, au-delà de DigiBoost, le lancement de notre nouvelle application n’est qu’un premier pas, mais il marque une vraie évolution.

Enfin, le rapprochement est sans doute l’avancée la plus marquante. Nous avons changé de dimension en unissant nos forces, avec comme premiers résultats une capacité accrue à traiter des sujets importants pour les entreprises et une perception renforcée de notre utilité à l’échelle de toute la Wallonie.

Si vous deviez résumer ces trois années en un mot ou une image, lequel choisiriez-vous ?

Je choisirais le mot transformation. Car au-delà du rapprochement institutionnel, ces trois années ont profondément changé notre manière d’agir et de représenter les entreprises. Nous avons redéfini notre organisation, renforcé notre ancrage territorial et donné un nouvel élan collectif à la Chambre. C’est une transformation qui prépare surtout l’avenir.

Qu’est-ce qui vous motive à poursuivre cette mission pour trois années supplémentaires ?

Ma première motivation, c’est que le chantier est loin d’être terminé. L’alliance entre les Chambres de Commerce et AKT for Wallonia marque une étape historique, mais ce n’est que le début d’une dynamique plus large. Nous avons amorcé un véritable changement de positionnement, qui nous place davantage aux côtés des entreprises et renforce notre rôle sur le marché. Je suis motivé à poursuivre ce projet, car je suis convaincu qu’il peut encore gagner en maturité, en capacité et en compétences.

Il y a aussi une attente forte des membres. Ils ont perçu ce changement, ils l’encouragent et souhaitent que cette évolution continue. Dans ce contexte, il est difficile de passer le relais sans avoir le sentiment d’avoir achevé ce qui a été lancé.

Enfin, je dois dire que les personnes avec lesquelles j’ai eu l’occasion de travailler, que ce soit au sein d’AKT for Wallonia ou dans les différentes Chambres de Commerce, apportent un attrait supplémentaire à cette mission. Leur engagement, leur expertise et leur dynamisme renforcent mon envie de continuer.

Comment parvenez-vous à concilier votre activité professionnelle et la présidence d’AKT CCI LVN ?

J’ai la chance d’évoluer dans une organisation familiale où les responsabilités sont partagées. Mon cousin Pierre-Etienne pilote le pôle Construction, mon frère Olivier le pôle Water, et pour ma part je suis davantage tourné vers la représentation, la communication et les relations extérieures. Cette répartition me permet d’investir du temps dans la présidence d’AKT CCI LVN, sans que cela ne pénalise le fonctionnement opérationnel du groupe Eloy.

On peut même considérer que cet engagement s’inscrit dans la continuité de mon rôle : contribuer à la vie économique et rendre à la communauté fait partie de ce que notre entreprise souhaite offrir à son territoire.

Cela dit, l’agenda reste intense. Enchaîner les deux responsabilités laisse peu de répit pour des moments de réflexion de fond et peu de temps de repos au quotidien. Mais depuis trois ans, j’ai trouvé un équilibre qui me permet de mener les deux de front… et de m’offrir de vrais moments en famille pendant les congés scolaires.

Quels sont vos grands chantiers pour ce deuxième mandat ?

D’abord, il s’agit de consolider les trois grands axes du premier mandat. Pour la digitalisation, le lancement de notre application était une première étape, mais je souhaite que ses fonctionnalités évoluent pour être encore plus performantes et encore plus utiles aux membres. Sur le développement durable, nous avons mis les entreprises sur la voie : l’enjeu désormais est de rendre les programmes plus concrets, pour générer un impact durable plus fort. Enfin, le rapprochement entre les Chambres et avec AKT doit maintenant se traduire par un renforcement des services proposés.

À côté de cette continuité, deux nouveaux chantiers s’imposent : d’une part, la formation et l’adéquation avec le marché de l’emploi (développement de l’alternance, intégration du numérique dans l’éducation, plateforme de mise en relation entre entreprises et institutions académiques), et d’autre part, le réseautage et l’activité industrielle. Nous devons développer des mises en relation intra-régionales plus efficaces, améliorer les opportunités de networking grâce au digital et à la data, et accroître la place des industries productives parmi nos membres.

Quels nouveaux services ou projets AKT CCI LVN et, plus globalement la famille AKT, pourraient-ils proposer dans les prochaines années ?

Plusieurs initiatives sont en préparation pour enrichir notre offre de services dans différents domaines. De nouveaux services harmonisés seront dévoilés prochainement.

Les entrepreneurs ont traversé plusieurs crises ces dernières années. Quels sont désormais leurs besoins prioritaires ?

Les besoins prioritaires des entreprises ne sont pas seulement économiques ou techniques, ils sont aussi sociétaux. Aujourd’hui, elles ont besoin de confiance et d’encouragement. Trop souvent encore, l’entreprise est perçue de manière négative, alors qu’elle crée de la valeur, des emplois et contribue au développement de la société. Changer ce regard est essentiel.

Elles ont également besoin de stabilité et d’un climat propice à l’action. Cela suppose une administration qui facilite la collaboration plutôt que de la complexifier, et un monde politique qui dépasse les clivages gauche-droite pour travailler dans l’intérêt commun.

Quels leviers économiques restent encore sous-exploités dans notre région et mériteraient une action prioritaire ?

Le premier levier, c’est l’aménagement du territoire. La création d’entreprises exige de l’espace et on en manque. Ensuite, ce sont les infrastructures énergétiques. Nos entreprises ont besoin de puissance et de sécurité d’approvisionnement alors que la Belgique manque de capacités. Enfin, la mobilité. À Liège et autour, la situation est déjà très compliquée. Il est urgent de se remettre autour de la table pour planifier un projet d’envergure, cohérent avec les impératifs environnementaux, et qui puisse enfin offrir une solution durable.

Quel est votre plus grand souhait pour AKT CCI LVN d’ici 2028 ?

Mon souhait, d’ici 2028, est qu’AKT CCI LVN s’impose comme un acteur incontournable du développement économique, reconnu pour l’efficacité de ses services, la modernisation de ses outils et son rôle de catalyseur. Je veux que nous poursuivions la transformation engagée, en renforçant l’impact de nos actions et en développant les synergies entre entreprises et territoires, pour créer toujours plus de valeur pour l’ensemble de nos membres.

Interview réalisée par Frédéric Van Vlodorp – AKT CCI LVN