Budget wallon 2026 : le sens des responsabilités

Écrit par Olivier PAUWELS

25.10.2025

Après la présentation du budget du Gouvernement wallon, notre analyse détaillée des mesures confirme à la fois le sens des responsabilités du Gouvernement et l’ampleur des efforts demandés. Ce budget traduit la volonté du Gouvernement de redresser les finances régionales. Mais derrière les efforts nécessaires, certaines mesures risquent de peser sur la compétitivité et sur les moyens consacrés au développement économique.

Le Gouvernement wallon confirme la volonté de réaliser progressivement un assainissement budgétaire important, avec un objectif de retour à l’équilibre en fin de législature. Concrètement, le Gouvernement s’est engagé à ramener le solde budgétaire (SEC) de la Wallonie à un boni de 39 millions € en 2029.

L’effort budgétaire réalisé témoigne d’un réel sens des responsabilités. Pour réduire le déficit SEC à 2 milliards d’euros en 2026, le Gouvernement réalise un effort d’assainissement structurel de 270 millions €. Cela représente 1,5% de ses recettes, ce qui est supérieur au 1% préconisé par les experts de la Commission externe de la dette. Le montant total des efforts réalisé depuis 2022 s’élève ainsi à plus d’un milliard €.

Impact sur le soutien au développement économique

Parmi les 270 millions € d’économies structurelles, la part supportée par le monde économique est proportionnellement élevée : le soutien à l’activité économique privée est réduit de 100 millions €, soit 37% du total des économies réalisées cette année, alors que le soutien au développement économique représente moins de 5% du budget annuel de la Wallonie. Parmi ces économies, épinglons :

  • La baisse importante de la “compensation Plan Marshall” (45 millions € sur un budget de 102 millions €) fait renaître le risque d’une hausse des taxes locales sur les investissements productifs. Le retour de ces prélèvements aurait un impact délétère sur l’activité économique et l’attractivité de la Wallonie. Il faudra que le Gouvernement garantisse la stabilité fiscale locale, en adoptant un cadre clair et juridiquement solide limitant les possibilités d’augmentation des taxes sur les entreprises.
  • La réduction de 20 millions € du budget des aides à la formation inquiète, alors que les entreprises devront bientôt accueillir davantage de chercheurs d’emploi éloignés du marché du travail. Le Gouvernement wallon devra s’assurer que la réforme des aides à la formation réponde pleinement aux besoins des entreprises afin de soutenir le développement des compétences des travailleurs wallons.
  • Le relèvement de la taxe sur les eaux usées industrielles (5,8 millions € en 2026, pour progressivement atteindre 100% de recouvrement en 2029) s’ajoute à un contexte normatif et administratif complexe et peu prévisible en matière d’autorisations environnementales. Aujourd’hui, les entreprises font leur part avec cette taxe, mais ça ne peut être adopté sans engagements clairs:
    • Sur une application progressive.
    • Sur l’utilisation du produit de la taxe qui doit être centré sur les investissements en matière d’infrastructures d’épuration des eaux.
    • Sur le nécessaire travail collaboratif à mettre en place entre les secteurs industriels et l’autorité au sujet du cadre règlementaire lié aux eaux usées industrielles (prévisibilité et concertation pour les normes imposées).
  • Le relèvement des tarifs du prélèvement kilométrique (9,4 millions € en 2026, 20 millions € dès 2027).
  • La taxe sur les jeux et paris (8,4 millions € en 2026, 22,5 millions € en 2029).
  • Baisse des subventions sur les titres services (11,2 millions €).

 

Du côté des bonnes nouvelles

A côté de ces coupes budgétaires regrettable, dans l’ensemble, le Gouvernement a maintenu les principaux budgets de soutien à l’activité économique (en ce compris les budgets des aides à l’emploi, à l’investissement et à la recherche). Il convient de souligner en particulier la décision de préserver, tout en le réformant, le dispositif d’aides à l’emploi privé.

Nous saluons également les engagements pris en matière de cadre administratif pour les projets d’intérêt stratégique, en particulier les projets d’infrastructure énergétique.

Conclusion

Au cours de cet exercice budgétaire complexe, le Gouvernement a agi avec responsabilité. Toutefois, certaines décisions adoptées auront un effet significatif sur le développement économique régional. Dans ce contexte, nous invitons le Gouvernement à engager un dialogue constructif avec les organisations patronales afin de définir au mieux l’opérationnalisation des décisions du conclave. Par ailleurs, nous soulignons l’importance cruciale d’accélérer la mise en œuvre des mesures visant à améliorer le cadre économique, dont certaines sont attendues depuis plus d’un an. À court terme, plusieurs actions ciblées permettraient de transmettre un signal positif aux entreprises wallonnes et aux investisseurs :

  • Accélérer la réforme du permis d’environnement, en mobilisant dès maintenant les ressources nécessaires à la mise en œuvre des engagements pris par le Gouvernement wallon en juin dernier. Dans le même temps, s’assurer que l’accélération annoncée pour les projets d’intérêt stratégique intègre également les autorisations environnementales des projets.
  • Garantir la stabilité fiscale locale, en adoptant un cadre clair et juridiquement solide limitant les possibilités d’augmentation des taxes sur les entreprises.
  • Assurer que la réforme des aides à la formation réponde pleinement aux besoins des entreprises afin de soutenir le développement des compétences, les engagements et le maintien de l’activité économique sur le territoire.
  • Confirmer sans délai la réalisation de la Boucle du Hainaut pour garantir l’aboutissement de ce dossier d’ici fin 2029, comme annoncé dans la DPR. La transition énergétique de notre territoire en dépend.

Découvrez notre communiqué de presse sur le même sujet :
Un budget wallon responsable, des impacts à compenser